Billet d’humeur #1 – L’importance de l’état d’esprit

Jeudi 14 avril, 13h39.

M’y voici enfin. Je ne cache pas la difficulté à m’être mis à l’exercice. Confronter ses récits à son propre regard est différent que de le confronter au reflet que l’on s’imagine dans celui des autres. 
J’aborde toutefois ce premier article avec un sourire malin. La perspective de me mettre à nu ne me déplaît pas. L’habitude, diront mes amis les plus proches pour qui la vue de mes fesses s’apparentait, jadis, à une vue familière. 
Mais n’allons pas trop vite en besogne. Avant de voir la lune, laissons tranquillement la nuit tomber ou la température monter, selon l’image que vous préférez adopter …

19 mars 2023, le départ.

L’aventure commence au bas du thermomètre. Je revêts les seuls habits « chauds » que compte mon sac à dos pour cette traversée. 

Avant que le passage en mode solo ne s’effectue, je me retourne pour dire au revoir à ceux qui m’ont accompagnés dans les derniers préparatifs. J’accompagne leurs larmes de sourires. Après tout, je suis celui qui entreprend ce voyage et le mieux placé pour savoir qu’il représente quelque chose de bon : le fruit d’une envie et d’une intuition profonde. Je n’en ressens pas moins pour autant un pincement au coeur, qui laisse place à une douce forme de gratitude face à ces manifestations d’amour. Je redoutais ce moment auparavant. C’est en apprenant à l’accepter comme part intégrante d’un tout que j’ai su tirer la beauté qu’il renfermait. 
Aussi veux-je profiter de ces lignes pour écrire ce que je me suis peut-être abstenu d’exprimer sur le moment : merci.

Une fois les talons tournés, je me retrouve face à un ce long couloir qui me sépare de la porte d’embarquement. Chaque pas en direction de ce futur longtemps attendu me ramène dans le passé d’où il a germé. L’heure du bilan a sonné. Je compare l’attendu au réalisé avec l’esprit positif. Bien entendu, je pourrais compter bon nombre d’objectifs partiellement atteints, voire inachevés, mais les rebondissements et défis rencontrés ces 4 dernières années mettent en perspective les accomplissements effectués. Ce sont d’ailleurs ces mêmes défis et rebondissements qui ont servi de leviers à mon évolution, vers la personne que j’ambitionne de devenir. En ce sens, on peut se demander s’ils ont été des obstacles ou des tremplins ? Libre à chacun de l’interpréter.

Quoiqu’il en soit, accomplissements comme manquements me servent de carburant pour ce qui est à venir. Je m’engage dans cette nouvelle aventure avec les mêmes attentes floues qui m’accompagnent depuis des années : apprendre, comprendre, découvrir. Sur le monde et moi-même, les deux étant entremêlés. Des attentes qui n’en sont pas vraiment, car je n’attends rien de matériel. Je pense sereinement pouvoir dire que j’accueillerai tout aussi bien bonnes comme mauvaises expériences. Si l’intérêt des bonnes expériences n’est pas à expliquer, les mauvaises quant à elles sont toujours suivies d’un lot de compensation pour qui tend la main.

Environ 24h plus tard, après un premier vol d’introduction jusqu’à Vienne suivi d’un second jusqu’à destination, je confronte cet état d’esprit au sol Thaïlandais.
Au premier pas à l’extérieur, je prends une grosse baffe. La température au sol m’y cloue. Je savais la météo plus estivale qu’en France, mais je ne m’attendais pas à une telle différence. Quelle idée de porter des chaussettes, que dis-je des habits, par un tel cagnard. 
Je sors mon téléphone pour enchaîner sur la prochaine étape : vite, un taxi. Sans trop attendre, un chauffeur accepte ma course ; il est tout proche et me demande où je suis. Peut-être au point indiqué par le GPS ? Ce n’est qu’un peu plus tard que je comprends le sens de sa question : à quel niveau, l’aéroport comprenant plusieurs étages, chacun donnant sur une sortie. L’attente se fait plus longue et plus compliquée que prévue. Je suis fatigué, j’ai soif, je pue. Je grimace à chaque pas en ressentant le frottement lisse de mon sac contre mon dos mouillé. Charmant.
Bref soulagement une fois dans le taxi. Je remercie la technologie pour la climatisation avant de changer progressivement d’avis. Au bout de 20min je me les gèle. Putain, n’y a-t-il pas de juste milieu ici ? Le tout accompagné d’un chauffeur très sympathique (et patient), dont l’histoire, certainement intéressante, glisse sur mes oreilles depuis le début du trajet. Alors je souris, hochant régulièrement la tête en signe d’approbation lorsqu’il me regarde dans le rétroviseur.

Une fois arrivé à l’auberge après un trajet de +30km, je découvre le box superposé qui me sert de lit. Enfin. La rédemption. Je prends presto une douche avant de me laisser glisser, propre et frais, dans les draps pour une sieste (nuit?) salvatrice.

Bon … l’état d’esprit n’est pas encore tout à fait au point. On y reviendra lorsque j’aurai rechargé mes batteries, d’ici quelques jours.

À bientôt
Geo